TRÉSORS & INVESTIGATIONS
Chroniques des plus énigmatiques trésors
Dominique JONGBLOED est un aventurier de longue date, explorateur mais aussi chasseurs de trésors à ses heures, de cités perdues et de reliques légendaires.
Depuis 1985 il parcourt le monde à la recherche de trésors divers, engloutis ou enfouis, historiques ou mythiques. Il initie actuellement la création du musée de l’exploration et de l’histoire des civilisations : Explorigines, où seront entreposés ses travaux et artefacts découverts !
L’Armée de Cambyse II et son trésor
En 468 avant Jésus Christ, Hérodote, célèbre historien et voyageur de l’Antiquité, nous raconte une très étrange anecdote dans son ouvrage intitulé Histoires et qui décrit son périple dans le monde antique, à la découverte des pays de la Méditerranée.
Livre troisième, paragraphe XXVI :
Cependant ceux qui avaient été envoyés contre les Ammoniens, au sortir de Thèbes, prirent des guides et ils arrivèrent, comme on le sait positivement, au travers d’un désert sablonneux, à la ville d’Oasis, qu’habitent des Samiens de la tribu appelée Eschriomienne. Ce lieu est à sept journées de marche de Thèbes ; on l’appelle en grec « l’île des Bienheureux ».
On sait que les troupes allèrent jusque là ; après, nul n’en peut rien dire, si ce n’est les Ammoniens eux-mêmes et ceux qui les ont entendus.
En effet, les Perses n’atteignirent point Amon et ne revinrent point en arrière ; voici ce que rapportent les Ammoniens.
Au sortir d’Oasis, ils rentrèrent dans le désert ; à mi-chemin d’Oasis à Amon, comme ils venaient de déjeuner, un coup de vent du Sud-est souffla sur eux avec une violence inaccoutumée ; il souleva de tels monceaux de sable qu’il les en couvrit, et de cette manière ils disparurent tous. Voilà, selon les Ammoniens, ce que devint cette armée.
Des recherches historiques effectuées auprès de la bibliothèque d’Alexandrie (l’actuelle) m’ont permis de préciser certains points du texte d’Hérodote :
- L’armée de Cambyse II, envoyée contre les prêtres d’Amon à l’oasis de Siwa, comptait plus de cinquante mille hommes et était placée sous les ordres de Phanès d’Halicarnasse (un général mercenaire, spécialiste du désert).
- La cité d’Oasis était en fait l’oasis d’Al Kharga.
- L’objectif était de conquérir l’oasis de Siwa, siège du célèbre dieu Amon, dernier bastion de la résistance égyptienne face à la conquête perse.
- Pour cela, l’armée du roi perse dut s’enfoncer dans le plus dangereux endroit du désert libyque : la Grande Mer de Sable.
Pour une raison encore aujourd’hui inexpliquée, l’armée toute entière fut prise dans une immense tornade de sable aux proportions bibliques. Celle-ci la recouvrit entièrement, faisant disparaître à jamais l’une des plus grandes armées de son époque.
L’armée, forte de cinquante mille hommes, transportait avec elle non seulement ses armures et ses armes, mais également une intendance pour assurer les repas quotidiens et les campements lors des haltes.
Elle transportait en plus (et c’est là tout l’intérêt des chasseurs de trésors) la paie des soldats et les sommes nécessaires aux approvisionnements de la troupe. Il y a fort à parier que la solde devait déjà, à elle seule, représenter quelques solides coffres de belle taille, emplis de pièces.
Plusieurs recherches furent entreprises par différents aventuriers et explorateurs au cours des siècles, mais ce n’est qu’au cours de ces deux cents dernières années que les recherches furent particulièrement intenses :
- En Janvier 1933, à la fin de son service militaire, Orde Charles Wingate mena une courte expédition à la recherche de l’oasis perdue de Zerzura, dans le désert libyque, malheureusement elle ne déboucha sur aucun résultat.
- De Septembre 1983 à Février 1984, Gary S. Chafetz, un journaliste et écrivain américain, mena pendant six mois une expédition à la frontière entre l’Egypte et la Libye afin de retrouver l’armée perdue de Cambyse II.
- Au cours de l’été 2000, une équipe géologique de l’université d’Helwan (dans la banlieue du Caire, en Egypte), partie à la recherche de pétrole, trouva des fragments de tissus et de métaux pouvant peut être appartenir à cette légendaire armée. Des vestiges d’armes ? Contre toute attente, les Antiquités égyptiennes, dirigée à l’époque par Zahi Hawass, n’entreprirent aucune fouille sur le lieu d’exhumation des artefacts.
- En Novembre 2009, deux archéologues italiens, Angelo et Alfredo Castiglioni annoncèrent, à grand renfort médiatique, la découverte de restes humains, d’outils et d’armes, qui dateraient de l’époque de l’armée perse. Ces objets furent trouvés près de l’oasis de Siwa. Ils n’ont cependant pas été localisés là où ils devraient se trouver en principe : près du gros de l’armée disparue.
L’on peut donc admettre deux possibilités :- Soit ils ont trouvé des restes de soldats perses mais ceux-ci ne faisaient pas partie de l’armée chargée de la répression,
- Soit c’était bien des survivants de la catastrophe mais ils faisaient partie d’un contingent qui ne put jamais atteindre l’oasis de Siwa.
Toutefois ceux-ci devaient avoir déjà parcouru une bonne distance, par rapport au lieu du désastre, vu le lieu où ils furent retrouvés.
Dans les deux cas, l’armée de Cambyse II reste encore à trouver.
Ce cas d’ensevelissement subit est unique dans les annales de l’Histoire (hormis le passage légendaire de la mer Rouge par l’armée de Pharaon qui fut ensuite engloutie par le reflux des eaux – cf. la Bible).
En 331 avant le Présent, Alexandre le Grand, conquérant lui aussi de l’Egypte, souhaitant se rendre à Siwa, au temple d’Amon, pour avaliser le fait que les Égyptiens le considérait comme le fils du dieu, remonta la côte ouest de l’Egypte jusqu’à un endroit qui s’appelle aujourd’hui Mersa-Matruh, puis obliqua vers l’oasis de Siwa et dut pour cela traverser le désert. Son voyage se déroula, certes, selon un itinéraire différent mais il parvint à sa destination sans encombre, contrairement à l’armée de Cambyse II.
Siwa est une oasis à l’ouest de l’Egypte, pratiquement à la frontière libyenne, à cinq cent soixante kilomètres du Caire.
C’est l’oasis la plus au Nord des oasis égyptiennes et la plus éloignée de la capitale aussi. Elle est alimentée par les nappes phréatiques qui sont situées à quelques trois cents kilomètres des côtes méditerranéennes de Mersa-Matruh.
En 1936, Hans-Joachim Von der Esch (1899-1976), explorateur allemand de l’Egypte et de la Libye, partit à la recherche des restes de l’armée de Cambyse II.
Il essaya de retracer l’itinéraire emprunté par l’armée du roi perse au cours de sa tentative de conquête de l’oasis de Siwa et découvrit, lors de son expédition, une série de tas de grosses pierres qu’il attribua tout d’abord à l’armée perse puis interpréta les restes des milliers de pots de la colline de poteries d’Abu Ballas (découverte faite avant lui, en 1917) comme étant probablement un dépôt d’eau constitué à l’époque pour l’armée de Cambyse II.
L’explorateur hongrois Lazlo de Almasy, intéressé par ses théories, partit sur l’une des pistes que lui proposa l’allemand et trouva alors – au sein de l’oasis de Barhein – plusieurs Alamats (d’anciens écrits considérés autrefois comme des légendes). Ceux-ci faisaient état du passage d’une immense armée …
Ce qui est sûr, c’est que l’armée de Cambyse II avait besoin de se ravitailler en eau tout au long de son chemin, et plus particulièrement avant de s’aventurer dans la Grande Mer de Sable … Qui pouvait connaître parfaitement, à cette époque, les points d’eau avant, après, et surtout pendant la grande traversée de la mer de sable ?
Qui furent donc ces guides qui entraînèrent ainsi l’immense armée vers sa perte ?
Je ne les pense pas suicidaires. Certes, l’on a déjà vu de grands guides faire des erreurs fatales. Toutefois, je pencherais plutôt pour des personnages mystérieux qui n’avaient pas l’intention que Cambyse II mette la Grande Mer de Sable et le désert libyque « en coupe réglée ». Des habitants de la légendaire Zerzura ?
Si mes doutes sont fondés, il fallait bien qu’ils connaissent un moyen d’échapper à la mort … et seul cette oasis pouvait leur assurer une survie à l’implacable désert.
Si l’on trouve un jour la fameuse armée, on peut s’attendre à une excellente conservation des casques, des cuirasses de cuir, vêtements en tissu, des lances, des arcs, des épées et des poignards – un véritable trésor de souvenirs militaires … sans oublier la solde et la caisse des approvisionnements qui doivent constituer, ensemble, une véritable fortune !
Retrouvez cette fabuleuse histoire dans l’ouvrage « Tout l’Or du Monde », de Dominique JONGBLOED, paru aux éditions Sylvius – Collection Terres d’Aventures.
Dominique Jongbloed : www.dominiquejongbloed.org
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L’histoire de l’armée de Cambyse II est vraiment passionnante ! J’espère qu’elle sera retrouvée un jour !